Dans les racines profondes de l’histoire québécoise, on retrouve des hommes et des femmes simples mais courageux, qui ont bâti leur vie à force de travail, de foi et d’amour familial. C’est le cas de Paul Théodore Ouellet (1764–1847) et de Marie-Marthe Pelletier (1755–1838), un couple de Saint-Roch-des-Aulnaies, sur les rives du Saint-Laurent.
Paul Théodore est né en 1764, quelques années après la Conquête. Sa future épouse, Marie-Marthe, est née en 1755, dans la même paroisse. Tous deux issus de familles canadiennes-françaises établies, ils ont grandi dans un monde rural où la foi catholique et le lien à la terre structuraient le quotidien.
Leur mariage a lieu le 16 février 1784. Ensemble, ils forment un foyer enraciné dans les valeurs de l’époque : entraide, persévérance, fidélité. Leur vie, bien que discrète, a contribué à façonner une petite portion de notre mémoire collective.
« Elle n’a pas laissé de lettres, ni de traces écrites, mais elle a légué une force de vie, transmise à travers ses enfants et leurs descendants. »
– À propos de Marie-Marthe Pelletier
Une famille marquée par l’épreuve
Le couple aura neuf enfants. Mais comme c’était tristement fréquent à l’époque, sept d’entre eux mourront en bas âge, parfois quelques jours à peine après leur naissance. Seuls Joseph-Marie et Marie-Marthe, leur fils aîné et leur fille née en 1787, atteindront l’âge adulte et fonderont leur propre famille.
Ce vécu rappelle combien la maternité à l’époque était à la fois une bénédiction et une traversée périlleuse. Marie-Marthe Pelletier, en portant neuf enfants, en les nourrissant, en les veillant parfois jusqu’à la fin, incarne la résilience silencieuse de tant de femmes de son époque. Elle n’a pas laissé de lettres, ni de traces écrites, mais elle a légué une force de vie, transmise à travers ses enfants et leurs descendants.

Une vie fidèle à leur terre et à leur foi
Le couple a vécu toute sa vie à Saint-Roch-des-Aulnaies, petit village agricole où les saisons, les récoltes et les fêtes religieuses rythmaient l’année. Ils ont connu les bouleversements du passage de la Nouvelle-France au régime britannique, puis l’émergence du Bas-Canada. Mais leur quotidien restait ancré dans la terre, la paroisse et la famille.
Marie-Marthe est décédée en 1838, à 82 ans. Paul Théodore lui a survécu près de dix ans, s’éteignant à son tour à l’âge de 83 ans. Ensemble, ils ont traversé plus d’un demi-siècle d’histoire, partageant joies et peines dans une fidélité admirable.
Une mémoire vivante
Aujourd’hui, leur souvenir vit à travers leurs nombreux descendants. Derrière leurs noms inscrits dans les registres anciens, il y a une histoire bien réelle : celle d’un couple qui, malgré les épreuves, a semé la vie avec espérance.
Raconter leur histoire, c’est honorer les bâtisseurs ordinaires de notre société. C’est redonner une voix aux femmes comme Marie-Marthe, aux hommes comme Paul Théodore, qui n’ont peut-être pas fait l’histoire avec un grand H, mais qui ont profondément marqué la nôtre.